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2025 07 : "Priez le Maître de la moisson..."

Créée le mercredi 02 juillet 2025




Livre d'Isaïe 66,10-14abc.

Réjouissez-vous avec Jérusalem ! Exultez en elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle, soyez pleins d’allégresse, vous tous qui la pleuriez !
Alors, vous serez nourris de son lait, rassasiés de ses consolations ; alors, vous goûterez avec délices à l’abondance de sa gloire.
Car le Seigneur le déclare : « Voici que je dirige vers elle la paix comme un fleuve et, comme un torrent qui déborde, la gloire des nations. » Vous serez nourris, portés sur la hanche ; vous serez choyés sur ses genoux.
Comme un enfant que sa mère console, ainsi, je vous consolerai. Oui, dans Jérusalem, vous serez consolés.
Vous verrez, votre cœur sera dans l’allégresse ;
et vos os revivront comme l’herbe reverdit.
Le Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs.


Psaume 66(65),1-3a.4-5.6-7a.16.20.

R/ Terre entière, acclame Dieu, chante le Seigneur ! (Ps 65, 1)
Acclamez Dieu, toute la terre ;
fêtez la gloire de son nom,
glorifiez-le en célébrant sa louange.
Dites à Dieu : « Que tes actions sont redoutables ! »


Toute la terre se prosterne devant toi,
elle chante pour toi, elle chante pour ton nom.
Venez et voyez les hauts faits de Dieu,
ses exploits redoutables pour les fils des hommes.


Il changea la mer en terre ferme :
ils passèrent le fleuve à pied sec.
De là, cette joie qu'il nous donne.
Il règne à jamais par sa puissance.


Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu :
je vous dirai ce qu'il a fait pour mon âme ;
Béni soit Dieu
qui n'a pas écarté ma prière,
ni détourné de moi son amour !


Lettre de saint Paul Apôtre aux Galates 6,14-18.

Frères, pour moi, que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste ma seule fierté. Par elle, le monde est crucifié pour moi, et moi pour le monde.
Ce qui compte, ce n’est pas d’être circoncis ou incirconcis, c’est d’être une création nouvelle.
Pour tous ceux qui marchent selon cette règle de vie et pour l’Israël de Dieu, paix et miséricorde.
Dès lors, que personne ne vienne me tourmenter, car je porte dans mon corps les marques des souffrances de Jésus.
Frères, que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit. Amen.


Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 10,1-12.17-20.

En ce temps-là, parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre.
Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.
Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups.
Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin.
Mais dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : ‘Paix à cette maison.’
S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous.
Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous sert ; car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison.
Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qui vous est présenté.
Guérissez les malades qui s’y trouvent et dites-leur : “Le règne de Dieu s’est approché de vous.” »
Mais dans toute ville où vous entrerez et où vous ne serez pas accueillis, allez sur les places et dites :
“Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds, nous l’enlevons pour vous la laisser. Toutefois, sachez-le : le règne de Dieu s’est approché.”
Je vous le déclare : au dernier jour, Sodome sera mieux traitée que cette ville. »
Les soixante-douze disciples revinrent tout joyeux, en disant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom. »
Jésus leur dit : « Je regardais Satan tomber du ciel comme l’éclair.
Voici que je vous ai donné le pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et sur toute la puissance de l’Ennemi : absolument rien ne pourra vous nuire.
Toutefois, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris


Commentaire de Pères, de Docteurs, de Saints



Homélie de saint Augustin (+ 430)

Sermon 101, 1-211, PL 38, 605-607 610
La première moisson a lieu dans le peuple juif


L'évangile qui vient d'être lu nous invite à nous interroger sur la moisson dont le Seigneur a dit: La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson (Lc 10,2). Alors, aux douze disciples auxquels il avait donné le nom d'Apôtres, il en adjoignit soixante-douze autres. Puis il les envoya tous, comme ses paroles l'indiquent, à une moisson déjà préparée.


Quelle était donc cette moisson? Certainement pas la moisson des païens, puisque chez eux rien n'avait été semé. Il nous faut donc l'entendre du peuple juif. C'est pour cette moisson-là qu'est venu le maître de la moisson, et il y a envoyé ses moissonneurs. Quant aux païens, il leur a envoyé des semeurs, non des moissonneurs. Sachons donc que la moisson était faite chez les Juifs et les semailles chez les païens. Le Seigneur avait choisi ses Apôtres dans cette moisson, où le grain était mûr et prêt à être coupé, car les prophètes l'y avaient semé. Quel plaisir de parcourir du regard la terre que Dieu cultive! Quel délice de contempler ses dons et les ouvriers qui travaillent dans son champ! <>


Vous pouvez y observer deux moissons, l'une qui est en cours, l'autre, encore à faire; celle-ci chez les païens, celle-là chez les Juifs. Prouvons ce que nous venons de dire en nous appuyant simplement sur la divine Écriture, celle du maître de la moisson. Voici. Nous savons qu'il est dit dans le passage que nous venons d'entendre: La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson. <>


Il est bien dans mon propos de vous montrer que la moisson a rapport aux peuples parmi lesquels les prophètes ont prêché. Ce sont eux en effet qui étaient les semeurs, afin que les Apôtres puissent être les moissonneurs. <> Pour germer et grandir, le blé avait dû être semé par les prophètes; arrivé à maturité, il attendait que les Apôtres viennent le moissonner. <> Le Seigneur n'a-t-il pas déclaré alors à ses disciples: Vous dites que l'été est encore loin. Levez les yeux et regardez les champs, ils sont blancs pour la moisson (Jn 4,35). Il a dit encore: D'autres ont pris de la peine, et vous, vous profitez de leurs travaux (Jn 4,38). Abraham, Isaac, Jacob, Moïse et les prophètes ont pris de la peine. Ils ont peiné pour semer le grain. A son avènement, le Seigneur a trouvé la moisson mûre. Et il a envoyé les moissonneurs avec la faux de l'Évangile. <>


Les prédicateurs de l'Évangile ne saluent personne en chemin. Ils ne veulent rien faire d'autre qu'annoncer la Bonne Nouvelle par amour de leurs frères. Qu'ils entrent dans les maisons et qu'ils disent: Paix à cette maison (Lc 10,5). Ils ne se bornent pas à en parler, mais ils répandent la paix dont ils sont remplis. Ils proclament la paix et la possèdent. <> Celui qui est rempli de paix salue en disant: Paix à cette maison. S'il y a là un ami de la paix, la paix du messager ira reposer sur lui (Lc 10,6).



Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

abbesse bénédictine et docteur de l'Église
Le Livre des Œuvres divines, chap. 6 (in “Hildegarde de Bingen, Prophète et docteur pour le troisième millénaire” ; trad. P. Dumoulin ; Éditions des Béatitudes ; 2012 ; p. 205)
L’homme relié à Dieu pénètre le monde entier


L’homme, dans la structure du monde, est pour ainsi dire en son centre. Il a plus de puissance que les autres créatures qui demeurent cependant dans la même structure. Car s’il est petit par sa stature il est grand par les énergies de son âme.


La tête levée et les pieds bien calés, il est capable de mouvoir les éléments d’en haut comme ceux d’en bas. Les œuvres de ses mains pénètrent tout parce qu’il a, par l’énergie de l’homme intérieur, la possibilité de mettre ce pouvoir en œuvre. Le corps est plus grand que le cœur, mais les énergies de l’âme dépassent en puissance celles du corps. Le cœur est caché au fond du corps, mais le corps est entouré des énergies de l’âme qui s’étendent au monde entier. Ainsi, c’est par la science de Dieu, la conscience reliée à Dieu, que le fidèle existe, il tend vers Dieu dans les contraintes de l’esprit du siècle. Dans toutes ses entreprises, prospères ou adverses, c’est vers Dieu qu’il aspire. En elles, il ne cesse de manifester à Dieu tout le respect amoureux qui l’anime.


L’homme intérieur contemple de ses yeux de chair les créatures qui l’entourent, mais par la foi, c’est Dieu qu’il voit. L’homme le reconnaît en toute créature, car il perçoit leur Créateur.


SERMON DE SAINT AUGUSTIN SUR L'ANCIEN TESTAMENT

Lecture Patristique du 14 TO
« Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé »


Mon crime, dit David, moi, je le reconnais. Si moi, je reconnais, c'est donc à toi de fermer les yeux. Ne prétendons aucunement que notre vie est vertueuse et que nous sommes sans péché. Pour que notre vie mérite l'éloge, demandons pardon. Les hommes sans espérance, moins ils font attention à leurs propres péchés, plus ils sont curieux des péchés d'autrui. Ils ne cherchent pas ce qu'ils vont corriger, mais ce qu'ils vont critiquer. Et puisqu'ils ne peuvent pas s'excuser, ils sont prêts à accuser les autres. Ce n'est pas l'exemple de prière et de satisfaction envers Dieu que nous donne le psalmiste lorsqu'il dit : Car mon crime, moi, je le reconnais ; et mon péché est toujours devant moi. Celui-là n'était pas attentif aux péchés d'autrui. Il invoquait son propre témoignage contre lui-même, il ne se flattait pas, mais il s'examinait, il descendait profondément en lui-même. Il ne se pardonnait pas et c'est justement pour cela qu'il pouvait demander sans impudence d'être pardonné.


Tu veux te réconcilier avec Dieu ? Apprends à te comporter de telle sorte que Dieu se réconcilie avec toi. Remarque ce qu'on lit dans le même psaume : Car, si tu avais voulu un sacrifice, je te l'aurais bien offert ; tu ne prendras pas plaisir aux holocaustes. Tu n'auras donc pas de sacrifice ? Tu n'auras rien à offrir, tu n'auras aucune offrande pour te réconcilier avec Dieu ? Écoute la suite, et dis à ton tour : Le sacrifice pour Dieu, c'est un esprit brisé. Le cœur brisé et humilié, Dieu ne le méprise pas. Après avoir rejeté ce que tu offrais, tu as trouvé quelque chose à offrir. Tu voulais offrir, comme tes pères, des animaux immolés, ce qu'on appelait des sacrifices. Si tu avais voulu un sacrifice, je t'en aurais bien offert. Ce n'est donc pas cela que tu cherches, et pourtant c'est un sacrifice que tu cherches.


Tu ne prendras pas plaisir aux holocaustes, dit-il. Ainsi donc, parce que tu ne prendras pas plaisir aux holocaustes, tu resteras sans sacrifice ? Pas du tout ! Le sacrifice pour Dieu, c'est un esprit brisé ; le cœur brisé et humilié, Dieu ne le méprise pas. Tu possèdes de quoi offrir. N'inspecte pas un troupeau, n'arme pas des navires et ne franchis pas la mer jusqu'à des régions lointaines pour en rapporter des aromates. Cherche dans ton cœur ce qui peut plaire à Dieu. Il faut briser ton cœur. Ne crains pas qu'il en meure ! On te le dit ici : Ô Dieu, crée en moi un cœur pur. Pour que soit créé un cœur pur, il faut briser le cœur impur.


Il faut nous déplaire à nous-mêmes quand nous péchons, parce que les péchés déplaisent à Dieu. Et puisque nous ne sommes pas sans péché, nous ressemblerons à Dieu au moins en ce que le péché nous déplaît, comme à lui. Pour une part tu seras uni à la volonté de Dieu, car ce qui te déplaît en toi, c'est ce que déteste celui qui t'a créé.